Composition, interprétation et enseignement

Flûtiste à bec de formation, je conçois l’activité de musicien comme un tout englobant composition, interprétation et enseignement. Si j’ajoute que l’objectif premier de mon activité musicale est la transmission de la musique, on comprend que je désire que l’activité pédagogique puisse en constituer une composante essentielle.

Cette volonté de transmission, je l’exprime en tant que compositeur, lorsque je m’efforce de traduire en musique ma perception du monde et, en tant qu’interprète, lorsque je livre au public une lecture de la musique « qui prend parti », qui ne se limite pas à l’énoncé mais cherche à transmettre un sens

En tant que professeur de flûte à bec, bien sûr, la transmission est plus directe et je suis heureux de pouvoir observer comment mes deux autres domaines d’activité ont un impact dans le champ de cet enseignement. En effet, mon activité de concertiste me permet de transmettre à l’élève, notamment, un savoir faire instrumental et mon travail de compositeur une compréhension du processus de traduction qui permet de restituer l’idée musicale au travers de la notation.

Concrètement, l’interaction entre mes différents domaines d’activité, s’illustre de diverse manières.
Ainsi, en ce qui concerne le lien entre composition et enseignement,  j’ai reçu en juin 1996 un prix de l’ERTA (European Recorder Teacher Association) pour un trio de flûte à bec destiné à des élèves de niveau secondaire-terminale.

Quant au lien entre interprétation et enseignement, j’ai eu l’occasion de le développer en tant que soliste de l’ensemble baroque Swiss Consort puisque j’ai contribué à mettre sur pied, entre 1995 et 1998, une collaboration suivie entre le DIP et le Swiss Consort pour offrir aux enfants des classes genevoises des concerts commentés préparés spécialement à leur intention et pour produire trois vidéos éducatives sur la musique baroque.

Cette interaction entre mes différents domaines d’activité a commencé à se dessiner lors du séjour que j’ai effectué au Conservatoire Royal de La Haye en tant que flûtiste à bec pour me perfectionner dans le domaine de la musique contemporaine.Y assimilant un langage nouveau et des techniques instrumentales nouvelles j’ai réalisé que ces nouveautés, loin de ne s’appliquer qu’au domaine limité duquel elles étaient issues pouvaient avoir un impact dans la totalité de ma pratique musicale. C’est d’ailleurs aussi au contact de partitions contemporaines demandant un gros travail de décryptage voire de réécriture que j’ai été amené à la composition.
Ainsi, si la musique contemporaine est un de mes atouts, je ne la considère pas comme un domaine fermé. La musique contemporaine est pour moi une attitude, la volonté d’être, face à quelque musique que ce soit, un musicien d’aujourd’hui.
Dans mon enseignement, je conçois d’ailleurs la musique contemporaine comme un langage qui peut s’apprendre à tout niveau et non pas comme un domaine réservé aux quelques étudiants suffisamment avancés pour démontrer leurs qualités de voltigeurs. L’attitude de recherche nécessaire pour l’étude de cette musique est de toute manière profitable à l’étude de toute musique.
Et ce n’est pas que je veuille nier la spécificité historique de chaque musique – il faut pour l’étude d’un style considérer d’abord les données historiques qui le définissent – mais je veux mettre à profit le privilège que nous avons de pouvoir observer les différentes musiques côte à côte afin de leur permettre de s’enrichir mutuellement.