Du menuet à la valse

un bal romantique

Lausanne, salle de paroisse de Villamont – date encore inconnue

 

Durant le cours du XVIIIe siècle, le bal passe d’un statut essentiellement aristocratique à celui de divertissement favori d’une classe moyenne en pleine émancipation.

Parallèlement à ce changement de public, la danse principale du bal change ; du menuet – bientôt considéré comme trop compliqué et représentatif des rapports sociaux très codifiés et marqués par l’étiquette de l’aristocratie – on passe à l’allemande, puis à la valse. Ces deux dernières danses doivent leur vogue, non seulement à leur facilité, mais surtout à la plus grande liberté des corps et des contacts entre partenaires qu’elles favorisent.

Dès lors, les défenseurs des mœurs et promoteurs de la danse s’affrontent, les uns peignant le diable sur la muraille et les autres donnant toutes les garanties de décence :

L’Abbé Reyre, dans L’École des Jeunes Demoiselles de 1786, s’exprime ainsi :

« Quoi de plus indécent en effet qu’une certaine danse à la mode qu’on nomme je crois Allemande ? Je l’ai vu danser une fois dans une maison particulière, et je suis encore à comprendre comment une Demoiselle qui a tant soit peu de pudeur, peut consentir à la danser. Ce sont des figures, ce sont des gestes, ce sont des regards, ce dont des attitudes, qui semblent n’avoir été inventées que pour exprimer la passion et l’inspirer. »

Mais on trouve à Lyon en 1772, au journal des « petites Affiches », l’annonce suivante :

« Le Sieur Antoni, qui exerce, de père en fils, l’art de la Danse, et qui est arrivé depuis peu de Paris, enseigne avec une dextérité infinie toutes les Danses ordinaires ; mais surtout celles qui sont de mode à Paris, comme les Menuets choisis, tant à une qu’à deux dames ; la Gigue Angloise à deux, qui est fort curieuse et riche en pas, ainsi que la nouvelle Allemande. Il fait exécuter une grande quantité de passes et de figures admirables, qui n’ont pas encore paru en cette ville, qui sont fort décentes, et qui ne gênent pas les dames. »

Bien sûr, jusqu’à la fin du siècle, aucune de ces danses ne supplante complètement les autres et elles cohabitent au sein des bals avec les contredanses puis les quadrilles. On trouve d’ailleurs une belle description de cette pratique dans le Werther de Goethe (publié en 1774) : « Nous dansâmes plusieurs menuets ; […] Lolotte et son cavalier commencèrent une anglaise, et tu sens combien je fus content lorsqu’elle se mit à figurer avec nous. Il faut la voir danser ! […] Je la priai pour la seconde contredanse ; elle n’accepta que pour la troisième, et m’assura, avec la plus aimable franchise, qu’elle dansait fort volontiers l’allemande. »

Ce n’est que le début, mais tous les ingrédients sont là pour les danses qui feront fureur durant le XIXème siècle.

Et c’est à vivre par la danse ce parcours que le public est invité, sous la conduite du Maître à danser Alain Christen, et sur la musique interprétée par les musiciens de l’ensemble Le banquet d’Apollon.

    • Alain Christen, maître à danser
    • Dóra Kiss, danse
    • Antonin Pinget, danse
    • avec la participation de danseurs de la compagnie Les Boréades

    Le banquet d’Apollon :

    • François Mützenberg, flûtes à bec, chalumeau
    • Stéphanie Erös, violon
    • Lisette Aubert, viole de gambe

    Œuvres de : A. Campra, M. Marais, J.-J. Rousseau, W. A. Mozart, J. Mikel, L. Stasny, G. Rossini, J. Strauss…