Quelques courts textes anciens

Décembre 86

Ecrire pour faire surgir la folie, ou l’apaiser, la contrôler.
C’est bien ça :
faire surgir la folie
l’apaiser, la contrôler.

Mars 88

Concert, c’est-à-dire faire éclore cette musique dans une fureur teintée de joie et du silence des rêves.

Décembre 89

Enchanter, et terroriser le public, voilà ce que tout à la fois le musicien doit faire.
Mettre toute son énergie à charmer, bousculer, émouvoir -dans son sens
étymologique-, tenir en éveil, en haleine, ne pas laisser de répit…
S’engager à fond, avec tous ses moyens pour parvenir à ce but : éveiller les passions, toutes les passions.
La furie et la fête.

Mai 91

Depuis déjà bien un siècle, le musicien n’a plus devant lui un public qui veut écouter ce qu’il a à lui transmettre par sa musique mais un public qui veut du plaisir.
Le public est devenu consommateur et non plus interlocuteur.
Le musicien doit alors se vendre, ou tout du moins vendre sa musique.

Je fais de la musique parce que je crois que la musique peut transmettre quelque chose qu’aucun autre moyen ne peut transmettre.
Par cette foi, je réintroduis l’éthique dans ma musique. Cette éthique qui disparaît lorsque la musique est achetée et vendue comme un objet par le « bourgeois ».
Un joli objet.
L’art, en étant esthétique et uniquement esthétique, est condamné à n’être qu’objet.
Ce n’est qu’en étant manifestement éthique que l’art redevient sujet c’est-à-dire parlant.

Septembre 91

Le monde doit réapprendre à faire silence afin que l’homme puisse entendre à nouveau ce que lui dit son âme.
Réapprendre le silence…
ou un certain type d’abandon.

Octobre 91

Le monde doit réapprendre à faire silence afin que l’homme puisse entendre à nouveau ce que lui dit son âme.
Réapprendre le silence…
ou un certain type d’abandon.

La poésie est un moyen de musicaliser la langue. Différents sons, articulés différemment : voilà, ici, l’état des mots.

C’est un travail purement musical celui qui consiste à ordonner ces voyelles, réglant la distance qui les sépare les unes des autres ou prévoyant la manière dont elles vont s’attacher – ou s’articuler- les unes aux autres au moyen de séparation de mots ou de consonnes…

Faut-il alors encore utiliser des mots, et quel sens leur choisir?

Le mot est le tribut que le poète musicien paie à la langue…
Mais il est richesse inestimable aussi puisque seul capable d’allier aussi intimement signification et musique.